Brésil
Le Brésil : un état du seuil qui rejette le Protocol Additionnel de l’AIEA
En 2009, j’ai été invité à prendre la parole lors d’un séminaire international organisé conjointement par la Nonproliferation for Global Security Foundation (NPSGlobal) et le Centre brésilien des relations internationales (CEBRI) à Rio de Janeiro sur l’avenir du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
C’est dans ce cadre que, le 30 octobre 2009, j’ai participé au dernier des cinq panels sur « L’avenir du TNP. Doit-il être amélioré, modifié ou remplacé ? ». Il était présidé par le sénateur australien Gareth Evans (président de l’International Crisis Group basé à Bruxelles). Les intervenants étaient Ramesh Takur, Gustavo Ainchil (d’Argentine) et moi-même.
Lors de la présentation orale d’un résumé de mon analyse de la situation, j’ai remis en question la politique du Brésil qui refuse de signer et de ratifier le Protocole Additionnel (PA) aux Accords de Garanties Généralisées, et j’ai conclu mon discours par ces mots :
« Le Brésil cherche à obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et a reçu le soutien de la Russie, de la France et du Royaume-Uni. Tout porte à croire que les États-Unis sont également disposés à soutenir l’inclusion du Brésil, sans toutefois lui accorder un droit de veto. Le Brésil peut compter sur le soutien de nombreux autres États tels que l’Indonésie, l’Afrique du Sud et, bien sûr, les autres membres du Groupe des quatre (Allemagne, Inde et Japon).
Comme l’indiquait The Economist en août dernier, avant que Rio de Janeiro ne soit choisi pour accueillir les Jeux olympiques de 2016, « le Brésil figure désormais sur toutes les listes de la demi-douzaine de nouveaux lieux qui comptent au XXIe siècle ».
Il semble qu’aucune réunion internationale, que ce soit pour discuter de la réforme financière ou du changement climatique, ne soit complète sans Lula… Fait admirable pour une grande puissance en devenir, le Brésil a renoncé à l’armement nucléaire.
Ce qui est moins admirable pour un pays qui défend le traité de non-prolifération nucléaire, c’est qu’il a refusé de signer un protocole de garanties amélioré, refusant aux inspecteurs internationaux l’accès total à ses installations nucléaires civiles ».
Depuis lors, une thèse de doctorat du physicien nucléaire brésilien Dalton Ellery Girao Barroso sur la « Numerical simulation of thermonuclear detonations in hybrid means of fission-fusion imploded by radiation », réalisée sous l’égide de l’Institut du génie militaire (IME) de l’armée, a suscité beaucoup d’attention. L’AIEA a exprimé ses préoccupations quant à la nature de cette thèse et au risque de prolifération associé à sa publication.
Ce que je trouve également inquiétant, ce sont les déclarations faites par la suite par de hauts fonctionnaires brésiliens, y compris des membres du parlement.
Selon le Jornal do Brasil, Eurico Figueiredo, coordinateur du Centre d’études stratégiques de l’Universidade Federal Fluminense, estime que le Brésil « devrait commencer à discuter de l’opportunité de rejoindre ou non le groupe des nations dotées d’arsenaux nucléaires » et « le député Jair Bolsonaro (PP-RJ) pense que le Congrès devrait apporter un soutien politique à l’armée pour développer les arsenaux militaires, comme le font des pays tels que le Pakistan ».
Affirmer que la fabrication d’armes nucléaires est interdite par la constitution brésilienne ne suffira pas à rassurer la communauté internationale.
En tant que grande nation et membre clé de l’AIEA, le Brésil devrait montrer l’exemple et se conformer aux résolutions de la Conférence générale de l’AIEA. Il faut espérer que le Brésil signera et ratifiera le protocole additionnel à son accord de garanties avant l’ouverture de la conférence d’examen du TNP de 2010″.
Je savais bien sûr qu’il s’agissait là d’un vœu pieux.