Iran
Il y a déjà vingt ans que le Département des Garanties de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a commencé à mettre en évidence le programme nucléaire non déclaré de l’Iran. Le 10 novembre 2003, un rapport accablant était envoyé au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, indiquant que l’Iran maîtrisait presque l’ensemble de l’amont du cycle du combustible nucléaire (y compris le processus d’enrichissement de l’uranium, qui a des applications civiles et militaires), et qu’il avait « développé, depuis 18 ans, un programme d’enrichissement par centrifugation de l’uranium et, depuis 12 ans, un programme d’enrichissement par laser » sans en informer l’Agence. Tout ceci alors que, dans les années 1980, l’Iran, en guerre avec l’Irak, n’avait aucun projet de construction de centrales nucléaires, celle en construction à Bushehr du temps du Chah ayant été détruite par l’aviation Irakienne.
Aujourd’hui il est sans doute trop tard pour empêcher l’Iran de devenir un Etat du seuil, c’est à dire un état capable de produire en quelques mois plus d’une bombe atomique. Il est dès lors d’autant plus important d’adopter des mesures de nature à dissuader l’Iran d’aller un pas plus loin et de fabriquer de telles armes. Au cours des deux dernières décennies, l’expérience nous a appris les nombreuses faiblesses et lacunes du régime de non-prolifération actuel.
Pour améliorer la situation, l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) des deux résolutions génériques mentionnées ci-dessous ferait une réelle différence. Ces résolutions génériques sont purement préventives et non discriminatoires par nature.
Pour que l’adoption de ces résolutions par le CSNU soit possible, ses cinq membres permanents devront agir de concert, en reconnaissant l’urgence d’adopter ces mesures pour atténuer les conséquences de la prochaine crise de prolifération nucléaire.
Il ne sera pas facile d’y parvenir, mais heureusement, à l’heure où les tensions sont si vives entre certains membres permanents du Conseil de sécurité, il est une chose sur laquelle ils sont tous d’accord : aucun d’entre eux ne souhaite qu’un autre pays possède la bombe.
Espérons que ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir seront convaincus des mérites des propositions rappelées ici, et prendront à cœur de les faire aboutir, donnant ainsi tort à Paul Valéry, qui écrivait dans Mon Faust : « tous les politiques ont lu l’Histoire, mais on dirait qu’ils ne l’ont lue que pour y puiser l’art de reconstituer les catastrophes ».