Pourquoi ce Blog ?
Pendant 12 ans j’ai été Directeur Général de Synatom, la société chargée de l’approvisionnement en combustible des sept centrales nucléaires belges qui couvraient 60% des besoins en électricité du pays.
En mai 1999 j’ai rejoint l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) à Vienne en tant que Directeur Général Adjoint, responsable du Département des Garanties chargé de vérifier l’usage exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire dans le monde.
Au cours des six années de mon mandat, l’AIEA a connu plusieurs crises, dont le retrait de la Corée du Nord du « Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires » (TNP), la découverte du programme nucléaire non déclaré de l’Iran, et l’annonce par la Libye qu’elle renonçait à son programme nucléaire militaire développé en secret depuis 20 ans.
Marek Halter a publié en 2019 ses Mémoires intitulées « Je rêvais de changer le monde ». Plus modestement j’ai rêvé ces 20 dernières années de contribuer à sauver le monde de l’apocalypse nucléaire. Pour ce faire j’ai proposé l’adoption de nombreuses mesures destinées à renforcer l’application et l’efficacité du TNP.
Ayant constaté que certaines de mes publications n’étaient plus accessibles sur internet, et conscient que cela sera de plus en plus le cas à l’avenir, j’ai cru utile d’établir ce « blog » qui permet d’avoir accès à la plupart de mes écrits.

Les propositions concrètes et réalistes que j’ai faites pour diminuer le risque de prolifération des armes nucléaires n’ont pas été mises en œuvre jusqu’ici. Même si je crois en l’effet papillon, il faudra bien plus qu’un individu sans poids politique pour faire bouger les choses. Espérons que ceux qui ont aujourd’hui ce pouvoir, s’ils sont convaincus des mérites de mes propositions, prendront à cœur de les faire aboutir et ainsi donner tort à Paul Valéry qui écrivait dans Mon Faust que « tous les politiques ont lu l’Histoire, mais on dirait qu’ils ne l’ont lue que pour y puiser l’art de reconstituer les catastrophes. »
Thèmes principaux
Mon combat contre la prolifération des armes nucléaires
Au cours des deux décennies qui se sont écoulées depuis que j’ai quitté l’AIEA, et sur la base de l’expérience que j’y ai acquise, j’ai beaucoup écrit sur les moyens de renforcer l’efficacité du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). J’ai connu des périodes d’espoir que mes propositions soient adoptées, comme lorsque Jean-Pierre Chevènement a soumis mes idées au Sénat français en février 2010 . J’ai également connu des périodes de découragement lorsque, en 2013-2014, j’ai débattu en privé de mes idées avec des responsables de ces questions, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas (les États non dotés d’armes nucléaires où Urenco exploite ses usines d’enrichissement d’uranium), au Royaume-Uni et aux États-Unis. La faiblesse de leurs arguments pour justifier leur refus de montrer…
Il y a déjà vingt ans que le Département des Garanties de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a commencé à mettre en évidence le programme nucléaire non déclaré de l’Iran. Le 10 novembre 2003, un rapport accablant était envoyé au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, indiquant que l’Iran maîtrisait presque l’ensemble de l’amont du cycle du combustible nucléaire (y compris le processus d’enrichissement de l’uranium, qui a des applications civiles et militaires), et qu’il avait « développé, depuis 18 ans, un programme d’enrichissement par centrifugation de l’uranium et, depuis 12 ans, un programme d’enrichissement par laser » sans en informer l’Agence. Tout ceci alors que, dans les années 1980, l’Iran, en guerre avec l’Irak, n’avait aucun projet de construction de centrales nucléaires, celle en construction à Bushehr du temps du Chah ayant été détruite…
Depuis février 2018 j’ai tenté à de multiple reprises (voir ci-dessous) d’attirer l’attention de nos dirigeants politiques et des citoyens belges sur le fait que fermer prématurément les centrales nucléaires belges aura au moins quatre effets négatifs :
- un effet négatif sur le coût de production de l’électricité;
- un effet négatif sur notre balance des paiements (dû à l’importation de gaz, alors que le coût du combustible nucléaire importé est minime);
- un effet négatif sur notre sécurité d’approvisionnement (notre stock de combustible nucléaire est de deux ans de besoins alors que pour le gaz naturel il est de moins d’un mois de consommation belge);
- et surtout un effet négatif sur l’environnement en accroissant significativement nos…
Les deux pays qui focalisent l’attention de ceux qui se préoccupent de la non-prolifération des armes nucléaires dans le monde sont la Corée du Nord et l’Iran. Toutefois d’autres pays ont, au cours des 20 dernières années, attiré l’attention des experts. C’est notamment le cas du Brésil qui refuse de signer et ratifier le Protocol Additionnel aux Accords de Garanties et empêche le Groupe des Fournisseurs Nucléaires ou GFN (en anglais « Nuclear Suppliers Group ») d’en faire une condition d’exportation des technologies sensibles relatives à l’enrichissement de l’uranium et au retraitement des combustibles irradiés. Le GFN a aussi été affaibli par les Etats-Unis qui ont réussi à imposer une « exception indienne » aux critères d’exportation.
Après les révélations spectaculaires de 2003 sur le programme nucléaire clandestin de l’Iran, peu d’attention a été accordée aux violations moins spectaculaires mais néanmoins évidentes des Accords de Garanties qui ont eu lieu en Corée du Sud et en Égypte. En 2004, la Corée du Sud a admis avoir mené des activités non…
Un Moyen-Orient Exempt d’Armes de Destruction Massive : une Utopie ?
Cette année (2024), cela fera 50 ans que la «Création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient » a été inscrite pour la première fois à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies, à la demande de l’Iran (sous le Shah), rejoint ensuite par l’Égypte (sous la présidence d’Anouar el-Sadate).
En 1995, dans le cadre d’un ensemble de décisions qui ont abouti à la prorogation indéfinie du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la conférence d’examen du TNP a appelé « tous les États du Moyen-Orient à prendre, dans les instances appropriées, des mesures concrètes visant à progresser, entre autres, vers la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes de destruction massive, nucléaires, …
La Libre Belgique, le 03/03/2025
Aide militaire à l’Ukraine : honte à la Belgique !
La Maison-Blanche vient de traiter de façon indigne le président ukrainien Volodymyr Zelensky venu demander l’aide des États-Unis dans son effort de résistance à l’agression de la Russie. Du jamais vu. Nous sommes encore tous sous le choc. Ce fut aussi un camouflet au président Macron et au Premier ministre britannique Starmer venus, peu avant, plaider la cause de l’Ukraine auprès du président Trump.
Nous verrons dans les prochains jours si cette claque aura au moins le mérite de pousser les pays européens à soutenir militairement l’Ukraine par des actes concrets et efficaces.
La Belgique n’a pas attendu la réunion de ce dimanche à Londres pour nous dire que ce ne sera pas son cas. En mai dernier, la Belgique s’était engagée à livrer pour la fin de l’année 2024 quelques F-16 dont l’Ukraine a un besoin urgent, et une trentaine d’autres d’ici 2028…